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Mon dossier d'adoption

  • Photo du rédacteur: Marjorie
    Marjorie
  • 20 févr. 2023
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 16 janv. 2024


Je l’ai enfin reçu. Je sais que je l’ai déjà vu par le passé, j’en ai un vague souvenir. Je suis fébrile de pouvoir enfin le consulter. J’ai l’impression d’avoir en ma possession un trésor. Ce document, c’est tout ce qui existe de mon histoire, de mes origines.


Je me décide, un verre de vin à la main, d’entreprendre une lecture des documents, dont la moitié sont en espagnol.


Mon acte de naissance guatémaltèque, ainsi que mon inscription à l’état de civil y sont. Marjorie Lopez. Je suis née Marjorie Lopez.


J'ai vu le jour à l’hôpital San Juan de Dios, à la capitale. Dans la section « informations de la mère » sont inscrits le nom de ma maman, sa région natale et son emploi. Pour ce qui est de le la section « informations du père », rien n’est inscrit.


Une photocopie d’un carnet d’identité appartenant à ma maman fait aussi parti du dossier. La couleur de ses cheveux, la couleur de ses yeux et sa grandeur, me permettent de tenter de l’imaginer. Il y a également une photo, mais de très piètre qualité. Ma maman.


Je la regarde longtemps. Attentivement.


Mon dossier d'adoption.

****


Par où pourrais-je bien commencer mes recherches? J’ouvre mon Facebook et tape dans la barre de recherche le nom de l’avocate qui a traité mon adoption, Lina Susana Gonzalez Munoz. Quelques résultats sortent, mais un en particulier m’interpelle. Je prends une capture d’écran de la photo de profil et vérifie avec ma mère adoptive. Elle me confirme qu’il s’agit bien de la femme qu’elle a rencontrée au Guatemala. Je décide de lui écrire. C’est ma unique et première piste :


« Bonjour à vous,
Je vous contacte puisque j’ai décidé d’entreprendre des démarches afin de retrouver ma famille biologique au Guatemala.
En consultant mon dossier d’adoption, j’ai l’information que vous êtes l’avocate qui s’est occupée de mon dossier en 1993.
Mon nom est Marjorie Lucier-Normandin (née Marjorie Lopez). Je suis née de le 8 décembre 1992 à l’hôpital San Juan de Dios à Guatemala City.
Je connais le nom de ma mère biologique ainsi que son numéro d’identification personnel.
Je commence ce processus sans savoir ce que je découvrirai. Vous êtes la première personne que contact et j’espère que vous serai en mesure de m’aider à obtenir plus d’informations sur mes origines.
Je vous remercie énormément pour l’attention que vous porterez à mon message. »

****


En attendant des nouvelles de l’avocate, je continu de tendre des perches un peu partout. Je contact via Facebook, l’Association des guatémaltèques du Québec. Je me présente et j’explique brièvement mon histoire, en leur demandant s’ils ont déjà accompagné des personnes adoptées qui souhaitent retrouver leur famille biologique.

Le lendemain matin, j’ai une réponse de leur part. Ils me conseillent de faire une demande auprès du Secrétariat à l’adoption internationale.


Me voici donc, sur le site du Secrétariat à l’adoption internationale, en train de remplir une demande officielle de recherche d’antécédents sociobiologiques et de retrouvailles. Vu la nature formelle de cette demande, je ressens un certain stress lorsque je clique sur le bouton « envoyer ».


Quelques jours plus tard, je reçois un appel de leur part. Une dame au téléphone confirme la réception de ma demande. Cependant, elle prend le temps de m’expliquer qu’il y a un manque de personnel et un tas de dossiers. De façon très honnête, elle me dit de ne pas espérer de retours avant des mois.


À titre informatif, jusqu’à ce jour, je n’ai eu aucun retour.


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Je reçois une notification sur Messenger. Quelqu’un désire m’envoyer un message. J’accepte. Il s’agit d’une personne de l’Association des guatémaltèques du Québec qui m’offre de m’aider personnellement dans mes recherches. Après avoir échangé quelques fois avec lui, il m’envoie le lien vers le collectif Estamos Aqui (Nous sommes ici) , qui vient en aide aux personnes adoptées dans leurs processus de recherches. J’écris donc à la personne responsable. Nous fixons un rendez-vous téléphonique. Il offre de m’aider dans mes recherches, entre autres, en produisant une affiche que qui sera placardée un peu partout dans la capitale au Guatemala, chose qu'il a déjà fait pour lui-même. De cette façon, sait-on jamais, quelqu'un pourrait me reconnaître et me contacter. L'idée me plait.


Par le biais du collectif, j’ai rencontré plusieurs personnes extraordinaires, dont quelqu’un qui avec le temps, deviendra une précieuse amie et alliée dans mes recherches et qui a retrouvé sa famille biologique peu de temps avant que nous fassions connaissance.


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Le message que j’ai envoyé à Susana n’a pas encore été distribué. Comme ses paramètres sont privés, j’imagine qu’il est en attente dans sa boite d’invitation par message. Comment pourrais-je faire pour qu'elle le reçoive? Je décide de chercher son associé, Rodrigo Valladares Molina, dont le nom apparait également dans mes dossiers. Comme ses paramètres ne sont pas privés, je lui envoie une demande d’amitié ainsi qu’un message pour lui dire que je tente de communiquer avec sa collègue.


En à peine 30 minutes, l'avocate répond au message que je lui avais envoyé. Voici sa réponse, traduite de l’espagnol au français :


« Bonsoir, parfait je chercherai votre dossier, le document original se trouve dans les archives publiques. En raison de mon âge, je ne travaille plus, mais j’ai gardé des copies de dossiers importants. Je vous demande quelques jours, le temps que je le localise.
Une fois que j’aurais localisé votre dossier, nous pourrons chercher le numéro d’identification de votre mère, car les numéros de vecindad n’existent plus depuis une dizaine d’année.
Je vous écrirai la semaine prochaine. De mémoire, les numéros de vecindad débutant par la lettre U sont des personnes provenant de l’orient du pays. J’essayerai de vous aider avec un grand plaisir. »

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Cette réponse est plus que ce que je n’espérais. Le simple fait d’être en contact avec cette femme, qui m’a vu alors que je n’étais qu’un bébé au Guatemala, me donne un sentiment de satisfaction. Je ne veux pas trop m’emballer, car je ne sais pas où cela me mènera et la déception pourrait être immense.


Ce que je ne sais pas à ce moment-là, c'est que ces premières étapes seront le début d’une grande et intense aventure.


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1 commentaire


prisca-prescilia
27 mars 2023

Woow marjo🥲 tu as un don pour l’écriture. Je dévore ton histoire, je vis ton histoire.. j’ai hâte de connaître la suite et la fin. Je te souhaite le meilleur.

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